3
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Journée
intercommunalité et environnement : compte-rendu de la réunion du mardi
3 juillet 2001
L' essentiel
de ce compte rendu à lire absolument
Réunion du 26/09/2002
La matinée
de cette journée, sur le thème des déchets, était animée par M.
Jacques PELISSARD, député-maire de LONS LE SAUNIER (39), membre du
Bureau et président du groupe de travail environnement de l’AMF, M. Gérard
MIQUEL, sénateur-maire de NUZEJOULS (46), et M. Jean-Philippe ASSEL, Président
du SYMIRIS de RAMBOUILLET (78).
L’après-midi, consacrée à l’assainissement, était animée par M.
Jacques PELISSARD, M. Gérard MIQUEL et M. Brice LALONDE, maire de
SAINT-BRIAC (35), membre du Bureau de l’AMF, délégué aux problèmes
de l’eau.
Ouverture de la journée
La journée a été ouverte par M. Jean-Paul DELEVOYE, président de l’AMF,
qui a évoqué la nécessaire mise en place par les collectivités de schémas
industriels publics de traitement des déchets : ceux-ci sont devenus des
matières premières valorisables dont la qualité doit être fonction de
l’utilisation envisagée.
Le président a réaffirmé l’opposition de l’AMF à la mise en place
d’un système de garantie des aléas liés à la valorisation en
agriculture des boues de stations d’épuration : l’épandage doit être
appréhendé sous l’angle fournisseur-client, garantissant ainsi la
qualité des produits.
Il a rappelé l’importance des questions relatives à l’assainissement
non collectif.
DECHETS
En introduction des débats de la matinée,
M. Jacques PELISSARD a souligné les progrès réalisés sur la problématique
des emballages, mais a rappelé qu’un retard subsiste en matière de
soutien aux nouvelles filières.
Il a fait part des actions entreprises depuis 2 ans par l’AMF pour le développement
de ces filières (signature le 5 octobre 2000 d’un protocole d’accord
sur la récupération et le recyclage des produits électriques et électroniques
en fin de vie, négociations avec la fédération du commerce et de la
distribution (FCD) sur les courriers non adressés).
Sur la mise en place des filières spécifiques :
La parole a été donnée à M. Alain STREBELLE, sous-directeur des
produits et des déchets à la direction de la prévention et de la
protection de la lutte contre les pollutions rattachée au ministère de
l’Aménagement du territoire et de l’environnement (MATE)
Il a rappelé qu’une filière dédiée est une filière de collecte, de
regroupement, de tri et de traitement qui est mise en place pour une catégorie
particulière de produits en fin de vie et dont les caractéristiques sont
les suivantes :
- la responsabilité étendue du producteur (sous-entendu celui qui
effectue la première mise sur le marché français),
- la priorité à la valorisation et à la prévention (durabilité,
recyclabilité, nocivité).
- la possibilité pour le producteur de choisir entre un système
collectif et un système individuel de gestion des produits en fin de vie,
- enfin, l’agrément par l’Etat des intervenants de la filière dans
le but d’assurer la transparence du système.
Il est ensuite revenu sur chacune des trois filières objet des débats de
la matinée:
- La filière des piles et accumulateurs repose sur les metteurs en marché
qui ont la charge technique et financière d’organiser la collecte et le
traitement et sur les distributeurs pour les points de collecte. Il existe
plus de vingt systèmes individuels ou collectifs différents d’élimination.
- Une directive est en cours concernant la filière des produits électriques
et électroniques en fin de vie. Elle passera en deuxième lecture au
Parlement européen en septembre, pour entrer en application en 2005. Elle
prévoit le même système de responsabilité des producteurs que pour les
piles et accumulateurs.
- Un projet de décret à paraître en octobre 2001 va organiser la filière
des courriers non adressés (Counas), constitués par tout ce qui arrive
dans les boîtes aux lettres sans adresse personnelle. Ils représentent
en quantité un peu moins d’un million de tonnes de papier par an. Leur
collecte et leur élimination coûtent aux collectivités environ 70
centimes le kilo (soit environ 700 millions de francs qui sont pris en
charge chaque année par le service public). Aujourd’hui, l’AMF et les
deux principaux émetteurs de Counas (la fédération du commerce et de la
distribution et le Syndicat de la Presse Gratuite) négocient un accord
qui s’inscrit dans la cadre du décret, visant à « indemniser » les
collectivités locales.
M. Alain STREBELLE a conclu son intervention en précisant que les
collectivités ont un rôle à jouer comme prestataires de services pour
la collecte de certains déchets qui ne relèvent pas de leur compétence
et en s'interrogeant sur le meilleur système de rémunération
-contractuelle ou déterminée par l’Etat- de cette prestation.
M. Jacques PELISSARD a précisé que l’AMF négocie de façon très serrée
avec les distributeurs et producteurs de piles les conditions de reprise
et de stockage dans les déchetteries. Il a rappelé que les collectivités
n’étaient pas obligées d’accueillir les piles en déchetteries mais
qu’elles acceptaient de devenir des points de regroupement sous
certaines conditions.
M. Jean-Philippe ASSEL a fait le point sur l’état des négociations
avec la société de collecte et de recyclage des équipements électriques
et électroniques en fin de vie (Screlec).
Il a souligné qu’après de longues négociations, Screlec n’était
plus opposée à la reprise du stock historique de piles. Si la question
de la mise à disposition gratuite de fûts par Screlec reste posée, l’AMF
a néanmoins obtenu que des dérogations puissent être consenties afin de
déterminer des logistiques de transport plus adaptées aux quantités
transportées et à la réglementation relative aux installations classées.
Enfin, sur la facturation pour non-conformité, la négociation reste
ouverte : la détermination de la limite du coût devant être supportée
par la collectivité est encore en suspens, de même que l’éventuelle
participation financière pour l’accueil et le stockage en déchetterie.
Le président du SYMIRIS a estimé, sous la réserve du coût des fûts,
que les conditions étaient réunies pour mettre en œuvre l’accord, qui
ne s’en trouve pas pour autant figé. Il a appelé à la poursuite des négociations
avec le MATE sur la question du coût des fûts.
Le dossier des Counas a ensuite été examiné.
M. Jacques PELISSARD a rappelé que les collectivités attendent depuis
1998 une aide financière au sujet des Counas, qu’elles ne désirent pas
s’occuper du problème en amont et qu’elles souhaitent n’avoir
qu’un seul interlocuteur qui gère l’aval en la personne d’un
organisme agréé.
M. François MALATERRE, délégué général de la Fédération du
Commerce et de la distribution, a souligné que les chaînes de
distribution émettent des Counas car ils sont utiles aux consommateurs.
Il a précisé que la Fédération tient à conserver l’unicité
d’interlocuteur que les collectivités ont dans ce domaine. Les
objectifs de la Fédération sont doubles : faire un effort de prévention,
c’est-à-dire réduire la diffusion de ce type de documents et mettre
l’accent sur le recyclage matière. Le projet d’accord en cours de négociation
avec l’AMF repose sur la création d’une société (ECO-GRAPH) qui
aura la charge de recouvrer les contributions nécessaires au financement
à apporter aux collectivités sous forme de soutiens. Une seconde
structure (VALOGRAPH) permettrait de fournir une garantie de reprise aux
collectivités. La mise en place d’un tel dispositif devrait intervenir
d’ici à 2002-2003.
Débat :
M. Pierre GIRARD, président du SIVOM de VAL-TOURRAINE ANJOU (37) et M.
Michel RICART, maire de LOGNES (77) et président du syndicat de
l’agglomération nouvelle des Portes de la Brie relèvent que les
publicités arrivent souvent dans les boites aux lettres entourées d’un
film plastique ou accompagnées de corps étrangers (CD Rom…)
M. Alain STREBELLE indique que les barèmes (amont et aval) envisagés
pour la filière doivent tenir compte de la difficulté à traiter les
Counas plastifiés.
Mme Brigitte DEREYGER, secrétaire du SYMIDEME (59), souhaite savoir si
les collectivités auront le choix des filières de recyclage pour les
Counas.
En réponse, M. François MALATERRE précise que théoriquement, la
garantie de reprise serait assurée par un système contractuel permettant
le libre choix des collectivités.
M. Alain STREBELLE signale qu’il n’est pas question de rajouter une
poubelle spécifique aux Counas et qu’il est possible d’instaurer un
mode de gestion de ces déchets basé sur une estimation de leur quantité
par habitant.
Pour M. Jacques PELISSARD, il ne serait pas judicieux de prévoir des
balles différentes pour les Counas et les journaux-magazines, constitués
des mêmes matériaux. Un dispositif doit être trouvé de manière
conventionnelle.
M. Jean Philippe ASSEL estime que ce serait une erreur de prévoir systématiquement
des balles qui représentent actuellement une minorité des logistiques de
transport. Il ne faudrait pas créer de prescriptions techniques
contraignantes mais en revanche élargir le gisement des filières
actuelles, notamment aux papiers de bureaux.
M. Paul DEFFONTAINE, maire de WILLEMS et vice-président de la communauté
urbaine de Lille (59), souligne que le principe pollueur-payeur tel
qu’il est écrit dans les règlements ne souffre pas d’être partagé.
Par exemple, depuis le 1er janvier 2001, une collectivité ne doit plus
payer pour les piles et accumulateurs. Il faut être plus ferme sur
l’internalisation des coûts, même si l’intérêt consiste à
accepter dans les déchetteries le résiduel des piles. En revanche, il
est invraisemblable que l’on fasse des collectivités des opérateurs de
regroupement, ne serait-ce que pour des problèmes de coûts (surface, fûts..).
Il serait au contraire plus judicieux que la filière assume le conteneur
en l’achetant en gros.
Il remarque que Cyclamed et l’industrie pharmaceutique sont parvenues à
s’affranchir de leurs responsabilités en ne prenant en charge qu’1/7
du gisement en 1999.
En réponse, M. Jacques PELISSARD rappelle que l’AMF soutient depuis le
départ l’internalisation des coûts pour l’ensemble des filières.
Pour les déchets d’emballages ménagers, l’internalisation a
progressivement permis de passer d’une logique de surcoût à une
logique de partage du coût. Pour les piles et accumulateurs, l’AMF est
sur la même position. Les collectivités n’ont à participer au
processus qu’à hauteur d’une prestation d’accueil territorial,
Screlec prenant en charge à ses frais les stocks de piles.
Concernant Cyclamed, le député-maire de LONS LE SAUNIER a fait part de
la demande des élus du comité de concertation d’une meilleure
efficacité sur les « piquants-coupants » et ajouté que l’agrément
n’est que provisoire.
Au sujet des Counas, M. Paul DEFFONTAINE regrette de ne plus être associé
au protocole d’accord alors qu’il participait aux négociations au départ.
Sur le fond, il remarque qu’il existe un marché du papier recyclable
suffisamment solide pour qu’on puisse se passer d’un dispositif
contraignant de reprise.
M. Jacques PELISSARD précise qu’ECHO-GRAPH constituerait un dispositif
à guichet unique alors que VALORGRAPH resterait facultatif. L’autonomie
des collectivités serait garantie.
Pour M. Jean Philippe ASSEL, il faut absolument laisser la concurrence se
mettre en place par rapport à la reprise, c’est d’ailleurs pour cela
que l’AMF a refusé de signer la convention nationale avec la filière
papier-carton. Certaines collectivités peuvent néanmoins être intéressées
par un système de reprise.
M. Ludovic MORONVAL, de la communauté d’agglomération d’HENIN-CARVIN
(62), remarque que le ramassage des Counas est déjà assuré dans le
cadre de la collecte sélective.
M. Jacques PELISSARD confirme qu’un dispositif avec des déclinaisons
locales a été mis en place au niveau national originellement avec
ECO-EMBALLAGES.
Sur le thème de la valorisation biologique :
Deux interventions de M. Alain STREBELLE et de M. Daniel BEGUIN, directeur
du département des déchets municipaux à l’ADEME ont ouvert les débats.
M. Alain STREBELLE, après avoir quantifié le gisement de bio-déchets au
niveau européen, a présenté la circulaire du 28 juin 2001 relative à
la valorisation organique des déchets qui comprend une annexe de 46 pages
(disponible sur ce site, sous la rubrique déchets).
Cette circulaire précise que le traitement biologique des déchets doit
avoir une approche par produit axée sur 4 conditions incontournables qui
sont : l’innocuité, l’efficacité, la qualité et la traçabilité
afin de favoriser la confiance du marché. Cette approche aura pour conséquences
de favoriser la collecte sélective des biodéchets, l’approche
territoriale et la mobilisation de gisements de proximité concentrés,
homogènes et de composition stable.
Pour M. Daniel BEGUIN, si la valorisation biologique semble peu dynamique,
elle n’en est pourtant pas moins passée, entre 1992 et aujourd’hui,
d’une production de 600 000 tonnes à 1 000 000 de tonnes de compost
produit à partir des déchets municipaux. De tous les autres modes de
traitement ou de gestion, le compostage est le plus adapté à des
solutions décentralisées. La solution du traitement biologique est une
alternative au traitement thermique et au stockage. Néanmoins, le développement
de ce type de valorisation nécessite une rupture avec l’image négative
des déchets. Seule l’adoption d’une démarche « produit », ou «
client-fournisseur » peut permettre de rétablir la confiance par de
l’information, de la concertation et une totale transparence de la filière.
Il est également nécessaire de tenir compte de la grande variabilité
des gisements.
L’ADEME met la priorité sur les opérations de valorisation organique
et leur accorde au moins jusqu’au 30/06/02 un système d’aides à la décision
et à l’investissement. Ont également été lancés par l’ADEME des
programmes de démonstration : Qualorg (Qualité organique) et Biolocal.
Débat :
M. Jacques PELISSARD regrette qu’il n’y ait toujours pas d’aides au
fonctionnement dans les actions présentées.
M. Jean-Paul FOUQUERAY, Président de la Communauté de Communes de l’OREE
DE BERCE BELINOIS (72), remarque que certaines DDA s’opposent aux mélanges
des lisiers et du compost pour l’épandage, ce qui pose un problème de
gestion de l’espace.
M. Alain STREBELLE, rappelle qu’une circulaire du MATE autorise le mélange
des flux de déchets agricoles et de compost.
M. Gérard MIQUEL trouve que le mélange est une très bonne solution à
condition de revoir le plan d‘épandage puisqu’il ne s’agira plus du
même support et que par conséquent les quantités ne se rajouteront pas
forcément.
M. Daniel JOFFROY, maire de BELLEVILLE sur MER (76), s’interroge sur le
niveau d’avancement des recherches sur les matériaux d’emballages
biodégradables en substitution au plastique, lequel nuit fortement à la
qualité du compost.
M. Daniel BEGUIN souligne qu’en ce qui concerne les emballages
alimentaires, les matériaux biodégradables ne sont pas la panacée et
que d’autre part, l’ennemi principal du compost n’est pas le
plastique mais plutôt les métaux lourds et les germes pathogènes.
M. Thierry BURLOT, Président de la Communauté de Communes du PAYS DE
LANVOLLON-PLOUHA (22), se félicite de la parution de la circulaire et des
évolutions intéressantes réalisées depuis la réunion qui avait eu
lieu en octobre 2000 à l’AMF. Il est inquiet de la condamnation par
l’ADEME du compostage sur poubelle grise et souhaite que l’Agence
puisse accompagner les collectivités tout au long de leur processus de
reconversion et de modernisation.
En réponse, M. Daniel BEGUIN précise que si le tri-compostage sur
ordures résiduelles à des fins de valorisation organique est condamné
à l’avenir, il n’est pas pour autant question de remettre en cause
les usines existantes. Seuls les projets futurs sont concernés. Par
ailleurs, l’Agence est disposée à accompagner la reconversion des
usines existantes rencontrant des problèmes de débouchés. Elle le fera
au cas par cas et en fonction du contexte local.
M. Thierry CHANDERNAGOR, de la communauté de communes de MARCHE AVENIR
(23), relève qu’il reste encore tout à faire pour installer la filière
du compostage et que celle-ci ne serait pas viable sans une aide au développement
de la collecte sélective, puisque le gisement capté aujourd’hui
provient des poubelles grises.
M. Jacques PELISSARD signale qu’il n’existe pas de barème de soutien
au compost. La question qui se pose donc est celle de savoir s’il ne
serait pas possible de trouver un système d’aide au fonctionnement. Par
exemple en surtaxant la mise en décharge à compter du 1er janvier 2002.
Pour M. Paul DEFFONTAINE, le coût du traitement est moins problématique
que la gestion de la collecte, car cette dernière présente les caractéristiques
d’être saisonnière et fortement différenciée selon le type
d’urbanisme. Il est en effet difficile d’assurer une collecte à moins
de 400-500 francs la tonne.
M. Jacques PELISSARD remarque qu’il faut concentrer le développement de
la filière sur les gros producteurs et qu’il ne faut pas collecter sur
l’ensemble des habitats dispersés.
Selon M. Gérard MIQUEL, la solution peut venir de la généralisation du
compostage individuel, surtout en zone rurale où l’habitat est diffus.
M. Daniel BEGUIN confirme les craintes de M. Thierry CHANDERNAGOR au sujet
d’un risque de retour au tout à l’incinération. Pour lui, la seule
chance de la filière organique est le choix de la qualité et de la
transparence. Comme le dit la circulaire, il faut aller dans le sens du
choix des gisements et non dans celui d’une collecte généralisée.
M. Pierre GIRARD interpelle les intervenants sur les conséquences de la
« loi Chevènement » et sur le démantèlement de syndicats de collecte
qu’elle implique.
M. Jacques PELISSARD
précise qu’il s’agit bien là d’un vrai
problème puisque l’article 84 de la loi Chevènement prévoit qu’une
communauté de communes ne peut lever la TEOM ou la REOM que si elle
effectue au moins la collecte. Le risque est de voir disparaître les
syndicats, pourtant adaptés à un bassin de vie au niveau de la collecte.
La loi de finances pour 2000 a néanmoins autorisé un report du choix, au
31 décembre 2002. La direction générale des collectivités locales a
accepté qu’une communauté de communes membre d’un syndicat mixte de
collecte garde le bénéfice du coefficient d’intégration fiscal et
conserve la possibilité de percevoir la redevance ou la taxe. Il y a
risque de conflits au sein du syndicat concerné, entre les communes
rurales qui pratiquent en général la redevance et les villes qui préfèrent
la taxe. L’AMF entend bien trouver une solution à cela d’ici à 2002,
la meilleure étant probablement de laisser à chaque structure compétente
(commune isolée ou communauté de communes) le choix de son propre outil
fiscal.
Pour M. Gérard MIQUEL, une réforme fiscale s’impose dans la mesure où
la taxe est aujourd’hui complètement inadaptée : si une taxe
s’applique au même taux sur un territoire rural et urbain, les différences
de coûts d’un même service sont insupportables.
M. Alain STREBELLE a indiqué que le ministère de l’intérieur reste
ouvert à d’éventuelles propositions d’évolution de la TEOM et de la
REOM et qu’une étude a été confiée sur le sujet à AMORCE.
M. Jacques PELISSARD a conclu la matinée en remerciant les participants
et en rappelant qu’une réunion organisée conjointement par l’AMF et
l’ADEME, sur le thème « industriels-collectivités locales : qui va
payer la valorisation des déchets ?» Se tiendra le 16 octobre 2001 au
CNIT de la Défense.
******************
ASSAINISSEMENT
La séance de l’après-midi, consacrée à l’assainissement et aux
boues de stations d’épuration a été introduite par M. Brice LALONDE
qui a rappelé que le projet de loi sur l’eau avait finalement été présenté
au Conseil des ministres le 27 juin dernier.
M. Claude TRUCHOT, chargé de mission auprès du directeur de l’eau du
MATE, a présenté le volet assainissement du projet de loi sur l’eau.
Près de quinze articles sont consacrés à l’assainissement.
Sur l’assainissement non collectif :
M. MARISCAL, vice-président de la communauté de communes des VALLONS DE
LA TOUR DU PIN (38), utilise le refus de signature du certificat de
conformité comme moyen de pression pour le contrôle de
l’assainissement non collectif.
M. Guy VASSEUR, responsable du service de l’eau et de l’assainissement
de la communauté d’agglomération AMIENS METROPOLE (80), pratique la «
redevance sanction » pour les usagers du service dont l’assainissement
n’est pas conforme.
M. Philippe DELACROIX, directeur du syndicat des eaux de Charente Maritime
(17), remarque que le certificat de conformité est généralement négligé
par les notaires. Il regrette le manque de cohérence dans le projet de
loi entre la sévérisation des pénalités financières pour
l’assainissement non conforme et la baisse du montant de la
participation pour raccordement à l’égout (ramenée de 80 à 50% du coût
d’achat et de pose d’une installation autonome) Le plafond de
participation va se traduire par une mutualisation des coûts à l’échelle
de l’ensemble des usagers du service.
M. Jacques PELISSARD souligne que l’AMF conteste également cette
mesure. Elle l’a fait savoir au MATE dans le cadre des négociations préparatoires
au projet.
Pour M. Claude TRUCHOT, la question se situe davantage au niveau de la
pertinence de la surtaxe que constitue le droit d’entrée à l’égout.
L’usager peut être amené à rembourser l’intégralité des frais de
raccordement au réseau et à payer 50% des frais de l’installation de
son système d’assainissement autonome. Finalement, si la commune se
sert de ces possibilités, elle peut récupérer une bonne partie de ses
investissements.
M. Jean Marie BINETRUY, président de la communauté de communes du VAL de
MORTEAU (25) fait part de son litige avec les services fiscaux qui ont
signifié un important redressement fiscal à la communauté, pour
prestations facturées H.T. aux communes membres.
M. Philippe XAMBEU, responsable du département aménagement, urbanisme et
environnement de l’AMF, précise que le service de la législation
fiscale considère que les relations entre communes membres et communautés
relèvent de la prestation de service, d’où l’assujettissement à la
TVA. Or, il ne peut y avoir prestation de service dans la mesure où la
compétence a été transférée par les communes à la communauté.
M. Marcel MOLINAS, président du syndicat d’épuration de la région
d’APT (84), souhaite obtenir des précisions sur le financement de
l’assainissement non collectif.
M. Thierry CHANDERNAGOR, de la communauté de communes de MARCHE AVENIR
(23), souhaite savoir si le projet de loi permet aux communes de
subventionner la réhabilitation de l’assainissement autonome.
Pour M. Brice LALONDE, la maîtrise d’ouvrage public de
l’assainissement autonome est possible. Des collectivités, notamment
dans le département de la Sarthe, sont propriétaires d’installations
autonomes rénovées.
En réponse aux différentes questions, Mme Gislaine FERRER, de la
direction de l’eau du MATE, rappelle que la loi de 1992 a introduit la
compétence de contrôle obligatoire pour les communes et rend
l’entretien facultatif. L’esprit du projet de loi n’est pas de
collectiviser l’assainissement non-collectif mais au contraire de
permettre aux collectivités qui le désirent d’intervenir sur ces
installations. Le gouvernement n’a pas souhaité aller au-delà en
rendant les communes propriétaires de ces ouvrages. Le rôle du service
d’assainissement est de vérifier que le particulier remplit
correctement ses obligations et le cas échéant de l’y contraindre.
C’est dans cette optique que les sanctions ont été augmentées
(jusqu’à trois fois le montant de la redevance d’assainissement) et
que la collectivité a reçu aussi la possibilité d’intervenir en cas
de besoin.
Les agents du service d’assainissement peuvent intervenir sur terrain
privé pour le contrôle de l’assainissement autonome. Si l’accès
leur est refusé, un procès-verbal est dressé.
Par ailleurs, d’ici un an, les collectivités devraient disposer d’un
document d’aide qui aura pour vocation d’accompagner le projet de loi.
Le financement du service public d’assainissement non-collectif y sera
abordé (financement sur l’usager par la redevance avec une obligation
d’équilibre du budget et possibilité d’une redevance forfaitaire
pour le contrôle).
M. Jacques PELISSARD indique que la prestation de réhabilitation de
l’assainissement autonome est une compétence facultative des
collectivités et non un monopole. C’est en cas de carence
d’initiative privée que la collectivité peut intervenir. Les communes
pourront bénéficier d’aides des agences de l’eau pour la réalisation
des travaux. Ces aides seront déduites de la facture du propriétaire de
l’installation.
Pour M. Denis EYMARD, Président de la communauté de communes des PORTES
D’AUVERGNE (43), les lois sont inapplicables pour les petites communes.
Les textes doivent donner les moyens de leur application. En l’état
actuel des choses, à chaque tentative il faut aller en justice, ce qui
n’est pas concevable.
M. Brice LALONDE regrette la disparition dans le projet de loi sur l’eau
des dispositions relatives au financement de la collecte et du traitement
des eaux pluviales.
Sur le volet du projet relatif à la réforme des agences de l’eau :
M. Claude TRUCHOT indique que la réforme intervient pour contrecarrer
certaines dérives des agences de l’eau dans l’application du principe
pollueur-payeur et pour rendre les redevances conformes à la
Constitution. Les redevances de pollution constituent 85% du budget des
agences de l’eau.
Plusieurs participants et notamment M. Patrick LESSOURD, sénateur-maire
de LA-GUERCHE-DE-BRETAGNE (35), contestent le relèvement envisagé du
coefficient d’agglomération : en milieu rural, la densité de
raccordement au kilomètre est plus faible qu’en zone urbaine, ce qui a
une forte répercussion sur la participation des usagers. Le revenu des ménages
y est également plus faible.
M. Claude TRUCHOT indique que les communes rurales bénéficient des aides
des conseils généraux et du Fonds national de développement des
adductions d’eau (FNDAE).
M. Arsène LUX, maire de VERDUN (55) s’interroge sur la garantie
d’application par la loi du principe pollueur-payeur pour les
industriels.
M. Jean Louis PRIME, de l’Inspection générale de l’environnement,
apporte des précisions sur la bascule qui va s’opérer entre le système
actuel et le système futur de la redevance de pollution. Le système
actuel de la contre-valeur est tel que plus le volume d’eau facturé
dans une commune est important, plus le montant de contre-valeur diminue.
Dans le futur système, la redevance de pollution nette est payée par la
collectivité responsable de la collecte. Cette redevance vient en charge
du budget d’assainissement et se répercute sur les usagers par
l’intermédiaire des redevances d’assainissement collectif.
La prime pour épuration disparaît car la redevance est sur la pollution
nette.
L’idée de la loi est de faire des bilans de pollution globaux sur les
unités d’assainissement, c’est-à-dire un ensemble physique
interconnecté ou placé sous la même responsabilité et comprenant la
collecte, le transport et l’épuration. La loi laisse ouverte la
possibilité de mettre en place des campagnes de mesure dont les résultats
pourront être pris en compte, en substitution aux valeurs forfaitaires de
l’équivalent-habitant.
Au sujet des boues d’épuration :
M. Cyril PORTALEZ, responsable du bureau de la lutte contre les pollutions
des eaux au MATE indique que la réglementation a été rendue plus sévère
en 1997-1998 mais n’a paradoxalement pas rassuré. Depuis, le ministère
s’attache à apaiser les craintes par des actions de sensibilisation et
d’information (l’ADEME a publié un guide sur la valorisation agricole
des boues). L’accord national en est resté au stade du projet : les
propriétaires fonciers souhaitent pouvoir donner leur accord préalablement
aux épandages et le dispositif assurantiel est toujours en négociation
avec Bercy.
Par ailleurs, un projet de directive sur l’épandage devrait voir le
jour en novembre prochain.
Le représentant du MATE souligne qu’il n’est pas dans les compétences
du maire d’interdire l’épandage des boues.
M. Brice LALONDE précise que certains Länder allemands ont interdit l’épandage
des boues.
M. MARISCAL, vice-président de la communauté de communes des VALLONS DE
LA TOUR DU PIN (38), regrette la sévérité des cahiers des charges de
l’agroalimentaire qui reviennent à interdire l’épandage sur les
terres des agriculteurs en contrat.
M. Jean Marc LAVERE, responsable du syndicat d’assainissement du Nord
(59), s’inquiète des valeurs très faibles, notamment pour le cadmium,
retenues dans le projet de directive sur les boues.
M. Michel HAFFHOLDER, directeur adjoint du syndicat intercommunal des eaux
de l’agglomération Parisienne (SIAAP) remarque que l’affichage seul
de ces valeurs suffit à décourager l’épandage, en insinuant que les
valeurs limites actuelles sont dangereuses.
M. Robert CHOULOT, maire de MONTMOROT et président du SIDARVAL (39),
ajoute que le lisier et le fumier contiennent également du cadmium en
quantité au moins égale à celle des boues. Il dénonce l’exercice
d’un chantage des industriels de l’agroalimentaire sur les
agriculteurs acceptant l’épandage. Il est invraisemblable de refuser
d’exploiter un système naturel parfaitement contrôlable au profit de
l’incinération qui est onéreuse et peu écologique.
M. Arsène LUX, maire de VERDUN (55), précise que l’incinération coûte
5 fois plus cher que la valorisation. Il regrette que les boues soient
considérées comme un déchet.
Pour M. Brice LALONDE, une perspective intéressante pour l’avenir des
boues d’épuration pourrait provenir de sa valorisation en compost.
Quelques expériences existent déjà en France. L’exportation d’un
tel compost vers des pays où la matière organique manque et dont le sol
a besoin d’être reconstitué pourrait aussi constituer une ouverture
intéressante. Plus cher que les engrais minéraux, le compost a toutefois
besoin d’être aidé et accompagné par les pouvoirs publics.
M. Thierry CHANDERNAGOR relève que le compost est un structurant pour nos
sols dont la matière organique s’amenuise progressivement. Il ne
faudrait pas en arriver au tout à l’incinération.
M. Jacques PELISSARD rappelle les grands principes de la circulaire «
valorisation biologique » du 28 juin 2001, qui prône une approche de
marché basée sur l’existence de gisements suffisants. D’autre part
il ne faut pas confondre la boue avec le compost. Le compost de déchets
verts n’est pas soumis aux plans d’épandage contrairement au compost
mélangé de boues et de déchets verts.
Selon M. Ludovic MORONVAL, la réaction des consommateurs vis-à-vis des
dangers potentiels de l’utilisation des boues est loin d’être
surprenante : elle résulte des crises passées et de leur tenue à l’écart
des discussions. Il est raisonnable de s’interroger sur les conséquences
que pourrait avoir l’épandage à long terme.
Concernant les boues, il n’est peut-être pas prudent de s’en tenir à
une filière unique. Il y aurait lieu de voir en fonction des secteurs les
autres traitements qui existent : le traitement par incinération en
dilution avec les ordures ménagères, le lagunage, l’oxydation par voie
humide (des expériences sont encours en Alsace et dans la région de
Toulouse).
A propos des appellations d’origine contrôlées, Cyril PORTALEZ
souligne que l’INAO souhaite effectivement la prise d’un décret
d’interdiction de l’épandage mais n’est pas suivi sur ce terrain
par le ministère de l’agriculture.
M. Jacques PELISSARD relève que le principal handicap des boues réside
dans leur image. La position de l’AMF est d’ailleurs qu’il revient
à l’Etat de garantir le risque hypothétique de développement, dans le
cadre du Fonds National de Solidarité pour l’Eau.
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